Histoire Tu es née à Séoul, première enfant de tes parents, un couple heureux et uni. Placés assez haut dans la société, ils n'ont jamais manqué de rien, et ont fait en sorte que tu ne manques jamais de rien non plus. Tu vivais dans une grande maison familiale, où tu possédais ta propre chambre, si grande que tu aurais pu y réunir tous tes camarades de classes pour une fête d'anniversaire. La richesse était une habitude, un mode de vie. C'était normal pour toi, tu trouvais même bizarre quand un de tes camarades te disait qu'il ne pouvait pas avoir telle ou telle chose parce que c'était trop cher. Qu'est-ce que ça voulait dire, "trop cher" ? Tu aurais demandé la lune, tes parents te l'auraient achetée, mais heureusement pour eux, tes désirs étaient bien plus modestes.

À tes cinq ans, ta famille s'est agrandie et tu as fait la connaissance de ta petite soeur. Une fille, une Jae Ni, une deuxième princesse dans la famille Kim. Vos caractères n'ont jamais été similaires, elle a très vite montré une personnalité plus affirmée que toi, qui étais calme et réservée, mais tu l'aimais. Tu l'aimes toujours, évidemment, mais parler de votre relation au présent alors que vous ne vous êtes plus vues depuis des années est... compliqué.

Ta vie a été normale jusqu'à tes seize ans environ. Aussi normale en tout cas qu'une vie puisse l'être pour une enfant de PDG d'entreprise dont le chiffre d'affaire annuel comportait une dizaine de zéros devant la virgule. Tu as fréquenté un lycée privé, tu fréquentais d'autres fils de bourges, tu étais belle et intelligente. Ton avenir était déjà tout tracé : tu serais avocate, comme ton oncle maternel, et tu épouserais le fils d'un des cadres de ton père, un certain Lee Jeon Sik. Un garçon charmant, que tu avais déjà rencontré une ou deux fois. Il était de deux ans plus vieux que toi, étudiait le marketing pour monter sa propre affaire, et était d'une beauté à couper le souffle.

À tes seize ans, tes parents t'ont poussé à commencer à fréquenter ce Jeon Sik, pour que vous commenciez à vous connaître avant le mariage. Mariage arrangé, certes, mais ils ne voulaient pas que tu épouses un inconnu, et encore moins un homme que tu n'aimerais pas. Mais de quoi avaient-ils peur ? Jeon Sik était parfait, et tu en es tombée amoureuse au premier rendez-vous. Pendant deux ans, tu as vécu un conte de fée et, dès tes dix-huit ans, vos deux familles se sont lancées dans les préparatifs de votre union.

Comme prévu, tu as intégré une université de droit pour commencer tes études pendant que tes parents choisissaient pour toi les fleurs qui composeraient les centres de table, la couleur des nappes et la vaisselle dans laquelle vous mangeriez. Tu n'as eu ton mot à dire que pour le choix de la robe et de ton alliance, mais ça te convenait. Tu étais sur ton nuage, ta vie était rose et parfaite. Et tu t'es mariée à vingt ans. Trop jeune selon les amies que tu t'es faites à la fac, mais l'âge parfait selon tes parents. Tu as emménagé avec lui, dans sa maison de luxe, et tu as continué tes études en parallèle de devenir une parfaite petite épouse pour ton parfait petit époux.

C'est quand tu as obtenu le barreau que les choses ont commencé à... vriller. Tu as commencé à chercher un travail, pendant que Jeon Sik galérait à faire démarrer son entreprise. Il s'est mis à te reprocher ses échecs, te dire que c'était parce que tu n'étais pas assez présente à la maison, parce que tu ne l'aidais pas assez, parce que tu l'empêchais de se consacrer entièrement à sa boîte. Et c'était vrai, à cause de ta recherche d'emploi, tu ne pouvais pas tout faire dans la maison et il devait parfois t'aider à nettoyer ou faire la lessive. Donc, pour l'aider, tu as mis en pause ta recherche de travail et tu t'es consacrée aux tâches ménagères. Tu cuisinais pour lui à chaque repas, tu faisais les courses, tu lui donnais une maison impeccable quand il rentrait le soir. Coïncidence ou non, son entreprise a commencé à fleurir peu après, et, évidemment, il a encore moins et le temps de s'occuper de votre domicile.

Quand il a commencé à bien gagner sa vie, tu lui as proposé d'engager une aide à domicile pour que tu puisses commencer à travailler toi aussi. Était-il contrarié ce soir-là ? Avait-il eu des mots avec un client ? Toujours est-il qu'il a très mal accueilli ta proposition. À te demander pourquoi tu désirais tant travailler, quitter la maison, t'éloigner de lui. Voulais-tu rencontrer d'autres hommes ? Prendre ton indépendance ? Le tromper ? Son salaire ne te suffisait-il pas ? Il t'a frappée pour la première fois ce soir-là, et tu n'as plus jamais parlé de travailler.

Petit à petit, Jeon Sik t'a éloigné de ta famille. Jae Ni, ta soeur, voyait les marques sur ta peau et comprenait bien ce qu'il se passait, ce qui ne plaisait pas à ton époux. Il disait qu'elle voulait vous séparer, qu'elle te manipulait, qu'elle mentait. Tu as cessé de voir ta petite soeur, parce qu'il te l'a demandé et pour ne pas ruiner sa réputation, elle qui envisageait une carrière d'idole à la SC Ent. Peut-être est-ce là que tu aurais dû ouvrir les yeux, et pourtant tu es restée avec Jeon Sik encore plusieurs années, à supporter ses humeurs, ses crises de jalousie, ses coups. À subir ta vie plutôt que la vivre.

Jusqu'à cette soirée d'avril 2023. Tu avais toujours 26 ans à l'époque, et tu as fait une erreur, celle de sortir sans sa permission pour boire un verre avec une copine, une vieille connaissance de la fac qui a repris contact avec toi quelques semaines plus tôt. Jeon Sik était en week-end d'affaire à Tokyo, tu ne pensais pas risquer quoi que ce soit. Mais quand tu es rentrée, il était là, revenu plus tôt de son voyage. Et il a crisé, tant et si bien que, pour la première fois, tu as fini la soirée à l'hôpital. Là, une infirmière a compris ce qu'il t'était arrivé et a voulu t'aider, a appelé la police et les aides sociales. Un psychologue conjugal est venu parler avec toi, un avocat.

Avant même que tu aies quitté ta chambre d'hôpital, la procédure de divorce était lancée. Tu as intégré un logement social, tu étais sûre de toi, jusqu'au jour de signer les papiers, quand tu l'as revu. Il semblait si misérable que tu as eu un moment de doute. Et s'il regrettait ? Et s'il comptait changer ? Mais tes parents étaient là eux aussi, et leurs excuses t'ont poussée à signer les papiers.

Après plusieurs mois à vivre chez eux et à consulter un psychologue de la SC Agency pour te reprendre en main et te reconstruire, tu as récemment franchi un nouveau cap. Tu as pris un appartement, où tu vis seule, et tu as accepté l'offre de la SC Agency de faire un stage chez eux en tant que consultante judiciaire de la Love Team, pour te remettre dans le monde du travail petit à petit. En espérant qu'il ne soit pas trop tard pour redevenir une personne à part entière...